L’ART DE LA VIE
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Le premier tome m’avait éblouie, ce second tome m’a transpercée. J’ai mis du temps à enfin découvrir la seconde partie de ce magnifique récit, je savais que ce serait terriblement beau et fort, il me fallait trouver le bon moment. Et après le sublime Miss Islande, l’urgence de retourner rapidement dans ce pays fascinant m’a poussée vers ce livre.
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Deuxième tome, deuxième partie de la vie de Karitas, cette femme pleine de couleurs et d’horizons qui ne désire qu’une chose, vivre de son art, libre et sans contrainte. En la retrouvant âgée de 40 ans, avec de grands enfants, on se prend à espérer qu’elle va pouvoir s’accomplir mais le destin s’en mêle. Les femmes ne sont pas maîtresses de leur vie, sur cette île sauvage. Les maris et les enfants d’abord ...
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Entre Paris, New York, Rome et Reykjavik, Karitas va malgré tout partir à la poursuite de son art. Cette recherche, cette quête perpétuelle des formes, des couleurs, de la création pure sera l’unique moteur de existence. Et ce malgré les contraintes et les jugements.
Ce livre est d’un féminisme explosif, encore plus que le premier tome qui vibrait déjà tout entier de cette fibre égalitaire. Mais c’est aussi une histoire de vies. L’amour, la famille, les douleurs et les épreuves. Avec ses dialogues intégrés dans les paragraphes et son absence de point d’exclamation ou d’interrogation, ce roman percute d’autant plus. Il surprend, il coupe le souffle.
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Karitas m’a révoltée, m’a énervée, m’a émerveillée. Choix impossibles, rencontres déterminantes et détermination de feu et de glace à l’image de sa terre natale, sa vie est un maelström.
Un très grand récit pour une « toute petite » femme. J’ai tremblé et pleuré et j’en ressors pleine d’humilité ... Immense. ❤️
FOLLES ?
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Les bonnes surprises littéraires, ça donne vraiment le sourire ! Ce roman, qui me faisait très envie à sa sortie, eh bien au bout de quelques semaines à en entendre parler et à enchaîner les déceptions de la RL, je n'en attendais plus grand chose. Et bim ! C'est comme ça que je me suis laissée surprendre par ce Bal, une lecture vibrante qui, en à peine 250 pages, m'a fait passer par toutes sortes d'émotions ...
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Colère, tristesse, respect, surprise... Le destin de ces femmes est loin de laisser indifférent. Après L'étrange disparition d'Esme Lennox et La salle de bal, deux beaux romans abordant également l'internement forcé des femmes, je me disais que cette thématique finirait par laisser un arrière-goût de déjà-vu. Mais l'autrice l'a abordée avec sa propre sensibilité et qui plus est, c'est au coeur de notre capitale que se déroule l'action. J'ai été d'autant plus touchée d'imaginer ces femmes, potentiellement si proches de moi, enfermées contre leur volonté. Sans oublier cette touche de fantastique amenée par Eugénie, qui m'a un peu inquiétée au début mais qui a été si savamment imbriquée dans le récit que je me suis vite laissée convaincre.
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L'ambiance du roman est glaçante. On se sent pris au piège comme ces femmes dont la seule perspective distrayante est ce Bal des folles, événement qui transforme la Salpêtrière en zoo de mauvais goût. La langueur de ces longues journées sans espoir, le gris d'une vie sans avenir... De ses mots, Victoria Mas nous transperce l'âme. Mais ce destin n'est pourtant rien en comparaison de ce qu'ont vécu nombre d'entre elles hors des murs. Ce n'est pas une histoire de folles qui est contée ici, mais de femmes que la vie a maltraitées. Parents abusifs, hommes violents, deuils impossibles ... C'est un grand manifeste féministe tout autant qu'une leçon de vie, qui fait mal mais dont on peut se relever. La force de ces femmes à qui pourtant on a voulu dénier toute liberté ne se laisse pas si facilement briser.
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Elles sont si bouleversantes ... Je les ai toutes quittées avec regret. Je ne peux que vous encourager à aller à leur rencontre. Elles ont tant de choses à dire ...
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COCOONING
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(Oui, pour les connaisseurs, cette photo a été prise au Renard Doré 😉)
Parce que décembre me met dans tous mes états (ô joie de ressortir ses playlists de Noël et d’ouvrir son calendrier de l’avent) et que plus que jamais, j’ai envie de me blottir au chaud chez moi avec les livres les plus doudous possible, j’avais envie de vous reparler de Minuscule.
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Cette petite saga est un véritable coup de cœur. On y suit la vie quotidienne de Hakumei et Mikochi, deux jeunes filles mesurant 9cm de haut. L’une est une excellente cuisinière et couturière, l’autre est une charpentière passionnée. De rencontres en aventures, de petits moments de vie tout simples en surprises, on découvre leur merveilleux univers plein de charme et de piquant. Le dessin est sublimissime, avec des planches qui sont de véritables odes à la nature. Drôle, touchant et incroyablement apaisant, c’est vraiment la lecture parfaite de fin d’année.
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Si vous cherchez un cadeau, pensez à offrir un ou deux tomes de cette série. C’est un vrai petit condensé de douceur que vous offrirez à vos proches !
Le tome 7 est terriblement attendu mais ne devrait plus trop tarder (viiiiite please !). Pour faire passer le temps, je crois que je vais me refaire toute la série, à base d’un chapitre par-ci par-là. Pour rendre ce mois de décembre encore plus doux ❤️.
❓Et vous, quel sera votre petit plaisir livresque doudou de fin d’année ??
BADASS FANTASY
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Ah la la mais oui ! C'est ça qu'on veut ! Ça, c'est de l'excellente héroïc fantasy comme on aime ! (Oui vous remarquerez que je suis toujours assez surexcitée quand un bon roman de fantasy passe entre mes mains, c'est comme ça, c'est grisant !). J'avais beaucoup aimé le tome 1, mais ce second tome est une petite bombe. Sans vous spoiler, on continue à suivre les aventures de Rekk, ce jeune gladiateur devenu général, qui doit poursuivre son chemin après une guerre qui l'a élevé au statut de légende mais qui lui a surtout laissé des séquelles ... La femme qui se tient à ses côtés va-t-elle l'aider à obtenir cette vie paisible et heureuse à laquelle il aspire ?
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Dans ce tome, on va de surprises en surprises. @olivier_gay nous laisse à peine le temps de respirer, les événements s'enchaînent avec fluidité et panache, ça pulse, ça envoie et en même temps, rien ne paraît précipité. Si Rekk a souffert pendant le premier tome, il faut bien avouer que la vie ne va pas être plus tendre avec lui dans ces nouvelles pages ... bien au contraire. J'ai souvent eu le coeur serré pour ce personnage complexe, à la fois trop naïf et sincère pour être heureux dans cet empire où rien d'autre ne compte que le pouvoir et aussi parfois trop buté et extrême dans ses prises de position. Personne n'est blanc ou noir. Mensonges, manipulations et trahisons, égos blessés et rêves piétinés, tout concorde à créer de l'explosif, du renversement de situation insoupçonné, et plus que tout, de la vengeance froide et implacable. Impossible de se détacher de cette ambiance ultra prenante et de quitter Rekk ...
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Et je ne vous parle même pas de cette fin qui promet des sommets de classe dans l'autre duologie de l'auteur, Les épées de glace, qui est sortie en premier mais qui se passe des années plus tard (l'auteur lui-même m'avait recommandé de commencer plutôt par La main de l'empereur alors que j'ai plutôt tendance à lire les séries dans l'ordre de parution). Et petit bonus : j'ai déjà cette suite dans ma PAL ! Ô joie ! Merci Olivier Gay pour cet excellent moment, et avis aux amateurs de Gemmell : ne laissez pas passer ces romans !
OVNI
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Peu importe ce que je vais vous dire par la suite, peu importe que Les Furtifs ne soit pas le coup de coeur sublime que fut La Horde du Contrevent pour moi, ce que je retiens, c'est le génie de cet auteur. Plus qu'une intrigue prenante, où l'on suit la quête désespérée de Lorca pour qui sa fille Tishka n'a pas disparu mais existe toujours quelque part auprès des furtifs, ce roman est d'abord et surtout l'incarnation de ce qu'on appelle la "science-fiction". Damasio explore avec une intelligence hors norme les possibilités de la science dans des directions jamais vues. Il y a d'abord la SF comme on la connaît, avec cette projection dans une France future où tout est contrôlé et vidéo-surveillé, où les villes (propriétés de groupes comme LVMH ou Orange) sont divisées en quartiers "premium" ou "privilège" avec interdiction pour les standards de passer dans les rues pour lesquelles ils n'ont pas d'abonnement. La privation de liberté et la révolte qui en découle, thèmes chers à la SF, sont magnifiquement explorés par l'auteur.
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Mais il y a aussi la science qu'on connaît moins. Les Furtifs, c'est une sublimation du langage, du son. C'est une recherche extrêmement poussée des limites (ou de l'absence de limites ?) du mot, des façons de le réinventer. Et tout cela tourne autour de la figure du furtif, cet être étrange, invisible à l'oeil humain, à la fois animal et végétal, fait de sons et de vitesse. C'est là que Damasio invente son univers sonore et linguistique qui défie l'imagination, et c'est aussi là qu'il m'a un peu perdue.
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Il y a quelques longueurs et j'ai parfois décroché, je l'avoue. Et en même temps... Une oeuvre qui évoque avec autant de puissance des thématiques à la fois d'ordre social, psychologique, politique, écologique, biologique, éducatif... c'est époustouflant. Damasio questionne le vivant dans toute sa beauté mais aussi pointe du doigt notre humanité dévoyée, soumise à une technologie qui sous couvert de libération, nous enferme plus que jamais.
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Les Furtifs est indescriptible. C'est un roman à vivre. Et malgré mes réserves je ne peux m'empêcher de répéter qu'il s'agit là d'un chef-d'oeuvre.
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SOUS LA FROIDE LUMIÈRE DES NÉONS
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Rares sont les déceptions quand il s'agit des romans soigneusement choisis par @exploratology. Mais ce court roman semi (ou totalement ?) autobiographique en fait partie. Je craignais que la violence de son propos me choque ou m'écoeure, comme ça a souvent été le cas ces derniers temps lors de lectures trop trash. L'histoire démarre en effet avec rien de moins qu'un beau-père violent et la prostitution de l'auteur alors à peine âgé de 12 ans ...
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Vous l'aurez compris, ce récit est très loin d'être agréable ou optimiste, c'est sombre, c'est un tourbillon descendant vers la délinquance et la misère. Et pourtant, il m'a laissé quasiment indifférente. C'est simplement le récit brut et sans concession d'une jeunesse désespérée, sans pathos mais aussi sans grande profondeur. Je n'ai pas eu l'occasion de comprendre ce jeune garçon perdu, de savoir ce qui l'animait réellement. J'aurais aimé apprendre à le connaître, savoir pourquoi, au-delà d'une enfance terrible, il en est arrivé à de telles extrémités.
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Froide et impitoyable, cette autobiographie est pourtant indéniablement extrêmement puissante dans ce qu'elle montre d'une jeunesse et d'une communauté homosexuelle laissées à la dérive. Si je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire, je pense qu'elle pourrait toucher beaucoup d'autres lecteurs, donc si la thématique vous intrigue, je vous invite à découvrir cet auteur dont je n'avais jamais entendu parler mais qui pourtant a été très prolifique dans les années 90.
SÉRIES EN COURS
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(Je me suis cassé quelques doigts à porter cette pile massive à bout de main 😅.)
Pour cette fin d’année, j’aimerais beaucoup pouvoir avancer un peu dans mes séries en cours, histoire de commencer 2020 en étant un minimum à jour. Ce que vous voyez ici, c’est « seulement » les suites de séries qui sont dans ma PAL. Et évidemment, ce ne sont quasiment que des pavés ! 3 romans de fantasy, un de SF et un roman islandais contemporain.
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Et il y a aussi les séries à poursuivre dont je n’ai pas encore les suites chez moi, comme Fondation d’Asimov, Justicière de Sanderson, Lonesome Dove ...
Je pense que ma prochaine lecture, une fois Les furtifs fini, sera le tome 2 de La main de l’empereur parce que j’ai bien envie d’un bon tome d’heroïc fantasy qui se dévore !
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Vous aussi vous avez une liste infinie de séries en cours ?!
RUINES HORRIFIQUES
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Je continue mon incursion dans l’immense œuvre du génial Lovecraft et cette fois, j’ai quitté les divinités ignobles enfouies dans les océans pour m’enfoncer au fin fond du désert d’Arabie. Un explorateur (seul avec son chameau, le fou !) décide de s’aventurer dans la Cité sans nom, une ville antique dont le nom est murmuré avec frayeur et où pas un seul humain ne se risque ... Une architecture dérangeante, des symboles inconnus, et un mystère oublié du monde qui va hanter l’aventurier jusqu’à la fin de ses jours : cette Cité va se révéler plus terrible que toutes les rumeurs.
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C’est la deuxième nouvelle illustrée par Armel Gaulme. Ce format carnet, avec des crayonnés des découvertes faites par le narrateur, est vraiment idéal pour se plonger dans ce court mais si intense récit. Lovecraft a vraiment un talent hors du commun pour créer une ambiance extrêmement pesante, pour faire jouer notre imagination et réveiller en nous des peurs ancestrales. A lire lors d’une sombre et froide soirée d’hiver pour de délicieux frissons !
🎁 Ces deux Carnets Lovecraft sont de superbes idées cadeaux pour les amoureux de fantastique ! Alors si vous êtes en pleine recherche pour Noël, pensez-y 😉.
RENAÎTRE
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Après avoir été séduite par la sensibilité et l'intelligence d'Anna Hope en lisant sa Salle de bal, j'avais très envie de découvrir son premier roman - et surtout, de refaire une LC avec @uncahierbleu ! Je crois que celui-ci m'a encore plus conquise, sans doute grâce au choix d'un contexte historique fort, à savoir le mois de novembre 1920, deux petites années après la fin de la terrible Première Guerre Mondiale qui a scarifié l'Europe toute entière. En suivant toutes ces personnes marquées par la guerre - anciens soldats traumatisés, mères, soeurs et fiancées en deuil -, on plonge tête la première dans cette atmosphère d'après-guerre lourde de ses absences.
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Comme pour La salle de bal, Anna Hope a fait un incroyable travail de recherches pour son roman, ce qui rend son récit riche et profond. J'ai vraiment eu l'impression d'être à Londres il y a un siècle. J'ai frissonné dans ces rues endeuillées, j'ai dansé comme une folle avec Hettie, j'ai titubé sous l'alcool pour oublier les blessures.
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Cinq journées passent, seulement cinq, mais marquées par des rencontres fortes, des rencontres qui vont relancer des vies arrêtées en plein mouvement. Ces histoires s'imbriquent avec beaucoup de finesse les unes dans les autres et tissent toutes ensemble le portrait d'une société qui tente de surmonter sa peine. Comme dans son second roman, on a vraiment l'humain au coeur de l'histoire, et encore une fois, c'est la croisée hasardeuse mais sublime des destinées qui va tout changer.
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Contrairement à La salle de bal, j'ai été un peu déçue de la fin, non pas pour Ada ou pour Evelyn, mais plutôt pour Hettie. Mais ce beau roman m'a beaucoup touchée, et son message d'espoir et de résilience qui résonne depuis l'un des plus sombres moments de notre histoire prend aux tripes.
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